En partenariat avec l’Union méditerranéenne pour l’art moderne.
Commissariat : Simone Dibo-Cohen

Du 19 avril au 19 octobre 2025

Bao Vuong est né en 1978 au Viêt Nam, après la fin de la guerre. En 1979, alors qu’il est encore nourrisson, sa famille fuit le pays en bateau, comme des milliers d’autres boat people. Cette traversée en mer, marquée par l’errance et l’incertitude, laisse une empreinte indélébile sur son histoire familiale.

Formation et premiers pas artistiques
Arrivé en France avec sa famille, Bao Vuong grandit dans le sud du pays. Il suit un parcours académique aux beaux-arts de Toulon, où il commence à interroger la mémoire et l’identité à travers l’art. Il poursuit sa formation à l’École des beaux-arts d’Avignon, où il approfondit ses recherches sur la matérialité et l’impact émotionnel des textures et des couleurs.
Après ses études, il travaille d’abord en tant qu’éducateur spécialisé, se consacrant à l’accompagnement de jeunes en difficulté. Cette expérience influence profondément sa vision du monde et nourrit sa réflexion sur la résilience, la transmission et la mémoire des traumatismes.

Retour au Viêt Nam et immersion dans la création
En 2012, Bao Vuong décide de retourner au Viêt Nam, son pays d’origine, pour renouer avec son héritage et se consacrer pleinement à son art. Cette immersion dans la culture vietnamienne l’amène à explorer les notions de perte, d’exil et de transmission à travers des médiums variés. Il expose ses premières œuvres dans des espaces alternatifs et des galeries 
à Hô Chí Minh-Ville, notamment A.Farm x Villa Saigon, où il se fait remarquer pour ses puissantes installations mémorielles.
Durant cette période, il commence à développer sa série emblématique The Crossing, qui s’inspire directement des récits des boat people et de son propre passé familial. Il expérimente le travail de la matière en sculptant la peinture au couteau, évoquant ainsi l’agitation de la mer et la mémoire des traversées nocturnes. Les premiers tableaux de cette série sont montrés à la Galerie Quynh et à l’espace d’art Manzi en 2017-2018.  

Retour en France et reconnaissance internationale
En 2019, Bao Vuong s’installe à Paris, où sa carrière connaît un essor rapide. Sa première exposition personnelle en France, The Crossing à A2Z Art Gallery en 2020, rencontre un vif succès critique. La série éponyme, composée de toiles d’un noir profond, incisées et scarifiées pour révéler la lumière sous-jacente, marque un tournant dans son travail et affirme son identité artistique.
Depuis, il enchaîne les expositions personnelles et collectives en France et à l’international, notamment à Venise, Singapour, Shanghai, New York, Genève et Bruxelles. Son travail est exposé dans des institutions prestigieuses comme la Fondation Wilmotte à Venise, la Fondation Boghossian – Villa Empain à Bruxelles et le musée départemental des arts asiatiques à Nice. Il participe également à de nombreuses foires d’art internationales, dont Art Paris, Asia Now, Art Genève, ART SG, Art Basel Hong Kong et ART021 Shanghai.

Un travail entre mémoire et lumière
À travers ses œuvres, Bao Vuong interroge l’invisible, la mémoire traumatique et la résilience. Sa peinture est un dialogue entre l’ombre et la lumière, un espace où le souvenir affleure lentement à la surface de la toile. L’usage du noir, souvent associé à la perte et à l’oubli, devient chez lui un lieu de révélation, où la lumière émerge comme un espoir fragile mais tenace.
Son travail évolue aujourd’hui vers une exploration plus poussée des matériaux : goudron, feuilles d’or, bocaux, papiers votifs, encens, vêtements… autant d’éléments qui ancrent ses œuvres dans une dimension rituelle et spirituelle. Chaque exposition est pensée comme une traversée, un passage entre le visible et l’invisible, entre le silence et la réminiscence.