L’Armure d’Andô Naoyuki
Milieu du XIXe siècle, Japon
Au milieu du XIXe siècle, au Japon, Andô Naoyuki va avoir 15 ans. Héritier du fief de Tanabe, il est destiné au titre de baron. Ses ancêtres se sont battus en 1600 aux côtés de Tokugawa Ieyasu à la bataille de Sekigahara et ont été anoblis en 1612 par le Shogun.
Élevée au rang de daimyo, sa famille s’est vue attribuer un domaine avec château et revenus. Naoyuki est le 17e seigneur féodal de la branche cadette des Andô. Il ne le sait pas encore mais il en sera également le dernier.
Cette armure a été conçue pour lui, plus précisément pour son genpuku, cérémonie de passage à l’âge à adulte durant laquelle un jeune samouraï porte pour la première fois une coiffure d’adulte ainsi que son armure et ses sabres.
À la fois sobrement fonctionnelle et luxueuse, cette armure d’apparat est composées de plus de 3500 écailles d’acier et de cuir, laquées et dorée, assemblées par plus de 200 mètres de tresse de soie. Son casque est garni de cornes de cerf stylisées et d’un shishi : un lion gardien. Son demi-masque terrifiant , en acier laqué, est agrémenté d’une longue moustache blanche.
Partout sur l’armure, on retrouve les armoiries de la branche cadette des Andô, une glycine entourant un idéogramme. Naoyuki meurt en 1908 et les biens de sa famille sont vendus à Tokyo en 1918. 200 ans plus tard, cette pièce exceptionnelle constitue un des chefs-d’œuvre conservés au musée départemental des arts asiatiques de Nice.
Voix off : Adrien Bossard - Directeur- Conservateur du Musėe départemental des Arts Asiatiques
Voix off : Adrien Bossard - Directeur- Conservateur du musėe départemental des arts asiatiques
Statue de Bouddha
Les conquêtes d’Alexandre le Grand ont durablement marqué l’histoire de l’art jusqu’aux confins orientaux de son empire.
Cinq siècles après son passage, à plus de 3500 km de Babylone, un art gréco-bouddhique se développe dans le Gandhara, au nord-ouest du Pakistan actuel, du Ier au IIIe siècle de notre ère.
Conservée au musée départemental des arts asiatiques de Nice, cette statue en schiste gris de Bouddha, datée du IIe siècle, constitue un témoignage éloquent de la rencontre entre art grec et art indien. On reconnaît l’éveillé à deux signes distinctifs issus de l’iconographie religieuse indienne : l’usnisa, protubérance crânienne évoquant ici un chignon, et l’urna, petite touffe de poils entre les sourcils.
Ses lobes d’oreilles sont allongés et rappellent que les princes indiens portent de lourdes boucles. Bien qu’épais, son costume monastique, au drapé finement sculpté, laisse entrevoir un corps au modelé soigné. On reconnaît dans ce réalisme une forte influence hellénistique.
Cette synthèse artistique rayonnera par la suite dans tout le continent asiatique et transmettra l’héritage d’Alexandre jusqu’au Japon.
Voix off : Adrien Bossard - Directeur- Conservateur du Musėe départemental des Arts Asiatiques.
Voix off : Adrien Bossard - Directeur- Conservateur du musėe départemental des arts asiatiques
La danse cosmique de Ganesh
Différentes traditions font de Ganesh le fils du dieu Shiva et de sa parèdre la déesse Parvati. Le Linga-Purana, un texte sacré hindouiste, raconte qu'il fut créé par Shiva afin de favoriser les entreprises divines et contrecarrer les actions néfastes des démons. Sitôt créé, il se mit à danser, à l'instar de son père, devant l'assemblée des dieux.
Ici, ses huit bras tiennent respectivement le tambour qui évoque le son primordial et le rythme de la danse cosmique ; le rosaire, dont les graines correspondent aux lettres de l'alphabet sanskrit et expriment le son et l'ouïe ; la hache, symbole de la force physique ; la queue et la tête de serpent ; le radis noir dont raffolent les éléphants ; un bol de gâteaux ronds, les modakas qui symbolisent les germes de l'Univers, dans lequel puise sa trompe.
Son dernier bras fait le geste de la trompe d’éléphant, geste de la danse classique indienne.
Provenant de la région du Bengale ou du Bihar, et représentative de l'art très particulier de la dynastie Pala-Sena qui règne dans l'Inde du Nord-Est du VIIIe au XIIe siècle, cette stèle exprime l'essence de l'esthétique indienne : sens du mouvement, force statique, puissance et sensualité, sentiment de l'Unité à travers le foisonnement du multiple.
Voix off : Adrien Bossard - Directeur- Conservateur du Musėe départemental des Arts Asiatiques.
Voix off : Adrien Bossard - Directeur- Conservateur du musėe départemental des arts asiatiques
Kannon, le bodhisattva de la compassion
Réalisée dans un bois de cyprès durant la seconde moitié du XIIe siècle, cette remarquable statue japonaise représente Juichimen Kannon ou Kannon à onze têtes. Appelée Avalokitésvara en Inde ou Guanyin en Chine, Kannon est le bodhisattva de la compassion.
Les bodhisattva sont des êtres, humains ou divins, qui ont atteint l'état d'éveil et deviennent des bouddha. Dans le courant du Grand Véhicule, certains d'entre eux suspendent leur entrée dans le nirvana et restent parmi les hommes pour les aider. Il n’est donc pas étonnant qu’ils fassent l’objet d’une fervente vénération.
Ici, onze têtes sont disposées en couronne sur la tête principale, autour d’une représentation d’Amida, le Bouddha de la Terre Pure. Elles symbolisent les vertus du bodhisattva qui lui sont nécessaires pour conquérir les onze désirs permettant d’atteindre l’éveil.
Cette œuvre majeure des collections du musée départemental des arts asiatiques de Nice illustre à la fois la pratique du bouddhisme au Japon à la fin de l’époque de Heian (794-1185) mais aussi l’esthétique raffinée caractéristique de cette période considérée comme un âge d’or culturel et artistique du Japon.
Voix off : Adrien Bossard - Directeur- Conservateur du Musėe départemental des Arts Asiatiques.
Voix off : Adrien Bossard - Directeur- Conservateur du musėe départemental des arts asiatiques
Ulysses Grant au Japon
Datée de 1879 et réalisée par Chikanobu, cette estampe représente la réception au palais impérial du président des États-Unis, Ulysses Grant, et de son épouse, durant leur visite au Japon en 1879. L’archipel est la dernière étape d’un tour du monde entamé deux ans plus tôt, durant lequel le couple américain rencontre les plus grandes figures internationales. Avant de traverser le Pacifique pour rentrer aux États-Unis, Grant est accueilli par l’empereur Meiji.
L’estampe montre à l’arrière plan les invités d’honneur assis sur une plateforme centrale avec le couple impérial à droite. Derrière eux, les draperies rouges sont décorées de deux aigles américains.
Parmi les personnages féminins réunis au premier plan, deux dames d’honneur portent des paniers contenant des pâtisseries. Derrière elles, une table basse présente un mont Fuji miniature.
Cette œuvre illustre parfaitement l’utilisation au Japon des estampes pour relayer les actualités nationales et internationales avant le développement de la photographie.
Voix off : Adrien Bossard - Directeur- Conservateur du Musėe départemental des Arts Asiatiques.
Adrien Bossard - Directeur- Conservateur du musėe départemental des arts asiatiques
Robe de prêtre taoïste
Cette robe de prêtre, appelée jiangyi, servait aux rituels taoïstes. D'abord doctrine philosophique, le taoïsme prend, par la suite, une forme religieuse. Recherchant une union profonde avec le cosmos, il implique, à travers la Voie du Tao, l'acquisition de techniques destinées à rendre l'homme immortel ou tout du moins à lui assurer longévité.
Datée du XVIIIe siècle, cette robe est faite de soie brodée. Le dos du vêtement, tourné vers les dévots, est orné d'un diagramme de l'univers au centre duquel se trouve le Paradis céleste. De nombreux symboles complètent cette image et permettent à l'officiant d'établir le lien entre ciel et terre. Dans un mouvement ascendant, le regard se pose sur des créatures auspicieuses émergeant des eaux puis s'élève vers les nuages jusqu'à atteindre les cieux supérieurs du taoïsme avec la représentation du soleil et de la lune, symbolisés respectivement par un coq et un lièvre.
Commentaires : Audrey Corté – Médiatrice culturelle – Musée départemental des arts asiatiques.
Kannon à mille bras
Kannon, le bodhisattva de la compassion, est représenté assis sur un lotus et devant une mandorle ajourée. Sa tête est surmontée de 11 têtes plus petites : 10 sont réparties autour d'un chignon sur lequel est placée la 11e. Le bodhisattva est doté de 42 bras. 36 partent du dos et tiennent chacun un attribut différent. Les 6 bras restants se présentent par paires.
Une paire fait le geste d'offrande (anjali-mudrâ en sanskrit ; gasshô en japonais), une autre tient un bol à aumône (pâtra en sanskrit ; hōhatsu en japonais) dans la position de méditation (dhyâna-mudrâ), ce geste s'appelle pâtra-mudrâ. La 3e paire (partant du dos) présente des attributs : la main droite tient un bâton de pélerin (shakujô) tandis que la main gauche tient un trident (gekihoko).
Cette pièce vient compléter la collection de statues bouddhiques conservée au musée départemental des arts asiatiques. Il s’agit de la deuxième statue bouddhique japonaise acquise par le musée depuis 2002. Motif très important de l’art asiatique, Kannon aux mille bras n’était pas encore présent dans la collection du musée, c’est désormais le cas.
Commentaires : Benoit Dercy – Adjoint scientifique à l’administrateur – Musée départemental des arts asiatiques.
Masque du vieillard kojô
Réalisé en bois laqué, ce masque est daté du XVIe siècle et représente les traits d’un vieil homme, Kojô, personnage joué dans le théâtre Nô. Ce type de masque pouvait également être utilisé durant des festivals populaires. Cette pièce s’ajoute au musée départemental des arts asiatiques à un fonds consacré au théâtre Nô. En effet, le musée conserve un ensemble d’estampes, d’objets et de textiles liés au théâtre traditionnel japonais.
Commentaires : Benoit Dercy – Adjoint scientifique à l’administrateur – Musée départemental des arts asiatiques.
Armure du Clan Hotta
Datée de la première moitié du XIXe siècle, l'armure porte le mon (emblème) de la famille Hotta (堀田氏, Hotta-shi), clan qui dirige le domaine de Sakura à la fin de l'époque d'Edo. La pièce a bénéficié d'une très grande qualité de réalisation. Les pièces constitutives sont ornées de luxueuses montures. Son casque de type suji-bachi est en cuir laqué noir à 16 plaques de forme kôshôzan avec monture de type nihô-jiro consistant en l'application sur la partie avant et arrière de shinodare (flèches ornementales) en shakudô (alliage de cuivre) à 3 étages.
Sa cuirasse de type hotoke hatomune ni-mai do est constituée de deux parties amovibles en cuir laqué noir s'attachant par cordages. La partie avant dotée d'une arête verticale forme une "gorge de pigeon" inspirée de la forme occidentale du bréchet. Cette pièce exceptionnelle vient ajouter une seconde armure japonaise à la collection du musée départemental des arts asiatiques. Réalisée en cuir laqué, elle est techniquement complémentaire de la précédente, acquise en 1998, principalement composée d’éléments textiles.
Commentaires : Benoit Dercy – Adjoint scientifique à l’administrateur – Musée départemental des arts asiatiques.