Photographes en Asie

Laxmi, le 3e genre en Inde vu par Anita Khemka

Du 23 février au 30 mai 2022.

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Les Hijras, entre respect et rejet

Sur le chemin que la mène vers la rivière Yamuna, vêtue de vert, symbole de fertilité, Laxmi s’apprête à accomplir l’un des derniers rituels relatifs au nirvana (cérémonie de castration) - Image en taille réelle, .JPG 1,34Mo (fenêtre modale)Sur le chemin que la mène vers la rivière Yamuna, vêtue de vert, symbole de fertilité, Laxmi s’apprête à accomplir l’un des derniers rituels relatifs au nirvana (cérémonie de castration).© Anita Khemka

Ni hommes, ni femmes, les hijras représentent le « troisième sexe » en Inde. Malgré certaines similitudes avec la notion occidentale de transgenre, les hijras forment une communauté ancienne unique et particulièrement hiérarchisée, constituée de maîtres (guru) et de disciples (chela). Elles sont nées garçons ou intersexes, ne se perçoivent pas comme des hommes, s’habillent en femmes et peuvent parfois être émasculées. Autrefois employées par les maharadjas pour garder les harems, elles vivent aujourd’hui en marge de la société suscitant crainte et fascination et, malgré la reconnaissance de l’existence d’un troisième genre par la Cour suprême indienne en 2014, sont le plus souvent contraintes à la mendicité et à la prostitution.

Très structurée, la vie des hijras est jalonnée par les rites. Le premier d’entre eux est appelé rit et marque leur entrée dans la communauté. Elles sont alors accueillies par un maître (guru) et introduites dans une maison commune. Le nirvana, ou cérémonie de castration, représente une étape importante dans la spiritualité hijra. Celui-ci n’est pas obligatoire et correspond à un rite de passage durant lequel l’hijra alors émasculée se voit dotée de pouvoirs sacrés, transmis par la déesse hindoue Bahuchara Mata. Grâce à ces pouvoirs de fertilité, les hijras sont conviées à bénir mariages et naissances, pour lesquels elles exigent une somme substantielle, que les familles versent soit par vénération soit par peur du mauvais sort qu’elles pourraient leur jeter.

Laxmi, l'ascension d'une Hijra

Premier fils d’une famille brahmane hindoue, Laxmi Narayan Tripathi ne se sentait ni homme ni femme. Cette ambiguïté sexuelle lui a valu le rejet de la société. Laxmi a alors rejoint la communauté hijra à laquelle elle pouvait s’identifier et qui lui offrait un soutien.

Défiant les normes de cette communauté, elle vit aujourd’hui entourée de sa famille, joue dans des films et a été ordonnée à la tête du Kinnar Akhada, une congrégation religieuse hindoue transgenre.

Devenue une figure de proue de la lutte pour les droits des personnes transgenres, elle parcourt le monde, invitée à des conférences et à des festivals, et œuvre, à ce titre, pour les Nations Unies.

Laxmi entourée de trois de ses amies hijrasLaxmi entourée de trois de ses amies hijras© Anita Khemka