Exposition thématique

La geste de Bouddha

Le musée départemental des arts asiatiques a donné carte blanche à Virginie Broquet pour la création d’une œuvre monumentale dans sa rotonde bouddhique. Exposition du 7 février au 4 septembre 2022.

© Virginie Broquet

Entrée libre
Conditions d’accès selon la réglementation sanitaire en vigueur

Unique en France, la rotonde bouddhique du musée des arts asiatiques expose un ensemble statuaire qui montre le lien spirituel unissant le continent asiatique depuis plus de deux millénaires. Le lieu ne laisse pas insensible le public et, propice au dialogue entre les époques et les matières, il accueille depuis vingt ans des expositions d’œuvres contemporaines en lien avec l’Asie.

D’origine niçoise, Virginie Broquet voyage, dessine et observe. Elle est une citoyenne du monde qui a parcouru le globe et fait de nombreux séjours en Asie. Elle a pu expérimenter la « sereine effervescence » des pays où elle a séjourné, du Vietnam au Japon, en passant par le Cambodge et la Chine, et retranscrit dans un style très personnel ce qu’elle a pu y observer. Elle dépeint la vraie vie, la vie des gens. Ces moments saisis sur le vif disent sa curiosité pour l’ailleurs et les autres. Chaque image devient une aventure.

Envisageant sa pratique artistique comme une forme de méditation, elle prend ici pour sujet la figure du Bouddha et accompagne le spectateur dans un voyage poétique à travers les images et les traditions dans un changement radical d’échelle, de l’intériorité à la monumentalité. Son geste créatif donne forme à une geste fondamentale de l’histoire de l’humanité, celle de Siddhârtha Gautama.

Durant les deux premières semaines de l’exposition, les visiteurs du musée sont invités à échanger avec l’artiste et à la voir réaliser devant eux ses dessins muraux, une occasion rare d’assister à la création d’une œuvre.

Entretien avec Virginie Broquet

Vous partagez aujourd’hui votre activité artistique entre la presse, la publicité, la bande dessinée, la mode ou bien encore la création de chars pour le Carnaval de Nice. Pouvez-vous nous raconter ce qui vous a mené à cette vie d’artiste éclectique ?
Ce que j’aime dans le dessin, c’est justement le côté éclectique. J’ai, au départ, fait beaucoup de carnets de voyages car j’étais attirée, quasiment de manière compulsive par les voyages, mes premiers amours. Mais, j’ai aussi réalisé des bandes-dessinées, des ouvrages jeunesse. Tout s’est fait en même temps. Toutefois, les voyages ont toujours été importants. J’ai donc entrepris mon projet de carnets Sur les routes des ambassades qui m’a pris plus d’une vingtaine d’années et qui m’a permis de visiter près de quarante pays en donnant à voir ces lieux méconnus que sont les ambassades et les consulats de France.

Outre vos carnets, vous pratiquez majoritairement le dessin, l’illustration. Qu’est-ce qui vous a poussé à privilégier cette technique ?
Dans ma famille, il y a un artiste, que je n’ai pas connu malheureusement, mon arrière-grand-père, Léon Espérance Broquet. Or, cet arrière grand-père m’a influencée très tôt car, dans le salon familial, étaient accrochées, par-dessus une tapisserie psychédélique, deux de ses gravures de guerre que je reproduisais dans mon enfance. Alors qu’il avait 45 ans, il s’était engagé volontairement dans la guerre de 1914-1918 et croquait des scènes de tranchées. En 1917, il est devenu peintre des armées. Ses tableaux se retrouvent donc aujourd’hui au musée de l’Armée aux Invalides. Un jour que j’exposais au quai d’Orsay juste à côté, j’y suis allée. J’avais pris rendez-vous avec la conservatrice en chef et elle m’a montré de nombreuses œuvres, lettres et grands tableaux de guerre de la main de mon aïeul. J’étais très émue, c’était incroyable. Quelques années plus tard, lors de la dernière étape de mon périple Sur la route des ambassades à Beyrouth, en dessinant dans un des salons de la Résidence des pins, siège de l’ambassade de France, je suis tombée sur une oeuvre de mon arrière-grand-père, un paysage de Notre-Dame de Paris enneigé avec la flèche qui avait brûlé quelques mois auparavant. Tout cela était surréaliste et d’ailleurs, le demeure.

Vous avez, à votre tour, croqué de nombreuses scènes de vie à travers le monde dans vos carnets de voyage. Parmi les destinations, figurent de nombreux pays d’Asie. Quelle place occupe cette région du monde dans votre vie et dans votre travail ?
Je suis un peu la sagesse de Bouddha ! Je me lève avec le soleil à 6 heures et pratique le qigong au réveil. D’ailleurs, lors de mes études à la Villa Thiole, à Nice, j’avais une professeure d’origine vietnamienne qui était un véritable fantasme pour moi avec ses longs cheveux noirs. Elle me racontait qu’elle faisait sa gym tous les matins, elle incarnait, pour moi, une forme de sagesse. Il y a également de la sagesse dans le dessin, un investissement personnel. La création vient de l’intérieur, elle est comme une méditation. Quand je dessine, je ne vois plus les personnes qui se trouvent autour de moi. Pourtant, je suis là, je suis avec eux mais je suis avant tout avec mon dessin. Plus tard, en 1994, j’ai effectué mon premier voyage au Vietnam pour accompagner ma belle-mère qui revoyait son pays d’origine après trente ans d’absence. J’y ai croqué la vie des gens. J’aime dessiner la vie. Pendant le temps de création, il se passe beaucoup de choses, c’est comme un film qui passe, un moment de vie sur une image. Je fais, d’ailleurs, parfois des annotations : des couleurs, des sons ou des paroles que j’entends pour garder une trace de cette ambiance. Cela me permet aussi de partager avec mes proches, à mon retour, en leur montrant mes carnets, en leur dévoilant les images que j’ai vues et qui restent gravées dans ma mémoire.

Justement, que retenez-vous de vos séjours dans les pays d’Asie du Sud-Est ?
L’univers des bonzes, les tenues des habitants, la joyeuse anarchie comme à Bangkok par exemple. C’est doux l’Asie. Une douceur que j’aime vivre. Pourtant, c’est parfois rude. Il y a du bruit, une effervescence continuelle mais il existe malgré tout une sérénité qui me plaît et qu’on retrouve au musée des arts asiatiques.

À l’occasion de votre exposition au musée départemental des arts asiatiques à Nice, vous allez réaliser une « fresque » bouddhique sur un mur de 40 mètres. Ce changement d’échelle a-t-il un impact sur votre manière de travailler ?
J’ai déjà fait cette expérience au Cambodge et au musée Massena à Nice à l’occasion de mon exposition Sur les routes des ambassades. J’avais peint directement sur des murs de dix mètres, sur le vif. J’avais représenté de grandes villes du monde. J’adore faire ce genre de travail car ce sont des occasions rares pour un artiste. J’aime bien aussi faire des décors pour le privé, parce que ces réalisations murales sont plus qu’un tableau. Le dessin est alors en phase avec le lieu, c’est une œuvre qui fait partie de la maison, elle est imbibée, intégrée, surtout lorsqu’y figurent des personnages qui deviennent alors presque vivants et accompagnent la vie du lieu. C’est une présence.

Deux semaines sont prévues pour réaliser cette œuvre devant le public. Comment envisagez-vous les différentes étapes de cette création et quelles techniques allez-vous employer ?
Ce n’est pas vraiment construit à l’avance. J’ai réalisé quelques esquisses mais elles ne seront pas forcément respectées. Je fais la même chose pour mes carnets de voyage. J’aime partir sans filet, c’est ça qui me plaît, ce côté libre. Pour la technique, j’utilise des marqueurs Posca et de l’acrylique pour les fonds noirs que je recouvre par des traits au Posca blanc. Il y aura peut-être aussi un peu de doré car j’adore le doré. La peinture que j’utilise possède une texture spéciale, un peu épaisse. Je l’utilise en petites touches pour donner de la vie, de la lumière et puis, le doré se prête à l’Asie. Je vais voir si j’ajoute du papier ou du tissu collé. J’aime bien les bouts de papiers et les tissus qui amènent la vie. Ce sont des traces que je glane lors de mes voyages.

Cette œuvre monumentale va devenir un écrin pour la statuaire bouddhique exposée dans la rotonde. En quoi le lieu vous a-t-il influencé et inspiré ?
J’ai pris les œuvres de la rotonde en photos et effectué de esquisses des œuvres que je vais intégrer dans ma création. Elles m’inspirent déjà. Elles sont très belles. La forme même de l’espace en rotonde est aussi une source d’inspiration. Elle évoque des rondeurs sensuelles, comme le ventre d’une maman. On reste dans le côté féminin.

L’exposition La geste de Bouddha va durer sept mois mais restera, finalement, une œuvre éphémère. Alors que vous aviez l’habitude de conserver une mémoire de vos dessins, est-ce que cet aspect du projet provoque chez vous un sentiment particulier ?
C’est le propre des expositions, comme au musée Massena où l’exposition n’avait pu être vue à cause du confinement. Ça c’était frustrant ! Ici, cela va durer sept mois, je trouve ça super. Je suis du côté de la vie, donc partante pour le nouveau. Ce sera un beau moment à passer ensemble avec de belles rencontres avec le public.

© Virginie Broquet

Programmation culturelle

Visite à deux voix avec l'artiste Virginie Broquet

Cette rencontre vous permettra de découvrir l’immense panorama bouddhique dessiné par Virginie Broquet sur les murs de la rotonde du musée. Un moment d’échange qui vous dévoilera les étapes de cette création et l’histoire des œuvres du musée qui l’ont inspirée.

Dimanche 27 février, samedi 12 mars,
samedi 30 avril, dimanche 29 mai,
samedi 25 juin, samedi 23 juillet 2022

À 15 heures 30 

Gratuit 
Réservation sur le site du musée

Atelier en famille "Noir & blanc"

L’artiste Virginie Broquet vous initie à sa technique de dessin au crayon blanc sur fond noir. Lors de cet atelier, vous testerez les effets de lumière d’un même dessin selon qu’il soit sur fond noir ou sur fond blanc.

Samedi 26 mars à 10 heures 30
Mercredi 13 avril à 14 heures 30
Mercredi 27 juillet à 14 heures 30

Tarif : 10 euros / 5 euros

À partir de 7 ans
Réservation sur le site du musée

Atelier "Carnet de voyage"

Virginie Broquet a parcouru le monde en croquant les scènes de vie qu’elle voyait. Embarquez pour un voyage dans les collections du musée et créez votre propre carnet de voyage en donnant vie aux œuvres.

Samedi 5 mars à 10 heures 30
Mercredi 4 mai à 14 heures 30
Mercredi 10 août à 14 heures 30

Tarif : 10 euros / 5 euros

Réservation sur le site du musée

Atelier en famille collaboratif "Bouddha et moi"

Sur un grand rouleau de papier, l’ensemble des participants réalisera une œuvre collective sur le modèle du dessin monumental de Virginie Broquet. Aidé par l’artiste, chacun apprendra à dessiner son portrait au milieu de représentations de Bouddha.

Mercredi 20 avril à 14 heures 30
Samedi 14 mai à 17 heures
Mercredi 13 juillet à 14 heures 30

Tarif : 10 euros / 5 euros

À partir de 7 ans
Réservations sur le site du musée

Atelier couture "Poupée-Bouddha"

Sur les conseils de l’artiste, vous apprendrez à confectionner une de ses étonnantes créations : une poupée-Bouddha !

Samedi 11 juin à 14 heures 30

Tarif : 10 euros / 5 euros

À partir de 14 ans
Réservation sur le site du musée