Shu Lea Cheang – Virus becoming / Virus en devenir

Pour son exposition au musée départemental des arts asiatiques à Nice, Shu Lea Cheang présente une installation inédite qui se lit comme les prémices de son long-métrage, situé à la croisée de la science-fiction et de la réalité alternative virale UKI, en développement depuis une dizaine d’années.

Une exposition co-produite avec OVNI.
Commissariat de Florent To Lay avec Banyi Huang.

Exposition en ligne

Shu Lea Cheang, UKI Virus Rising (vue d’installation), 2018. Installation vidéo de trois canaux en couleur, son, 10 minutes.Shu Lea Cheang, UKI Virus Rising (vue d’installation), 2018.
Installation vidéo de trois canaux en couleur, son, 10 minutes.
© Gwangju Biennale et Shu Lea Cheang

Les crises sanitaires mondiales sont souvent révélatrices de réalités invisibles et de systèmes socialement ancrés, jusqu’alors passés sous silence. En marge de dérèglements sociaux, économiques et politiques, ces crises se caractérisent par des peurs à l’égard de l’inconnu et de l’étranger. C’est la dualité autour du virus qu’explore Shu Lea Cheang dans son travail depuis les années 2000. En effet, comme source de contagion, le virus est non seulement associé, de façon métaphorique et littérale, à des questions d’invasion, mais il est également porteur de potentialités, entre propagation, mobilisation et résistance.

Auteur d’œuvres indéfinissables et protéiformes, Shu Lea Cheang est une figure majeure de l’art contemporain et une pionnière de l’art numérique.

En savoir plus sur l'artiste

Shu Lea Cheang

Shu Lea CheangShu Lea Cheang© J. Jackie Baier

Artiste née en 1954 et basée à Paris, Shu Lea Cheang a été choisie pour représenter Taïwan à la Biennale de Venise de 2019 avec l’installation3x3x6 (2019) au Palazzo delle Prigioni sous le commissariat de Paul B. Preciado qui n’hésite pas à la comparer pour les technologies numériques à une Kathy Acker ou à un Pier Paolo Pasolini pour la littérature et le cinéma.

Depuis plus de quarante ans, Shu Lea Cheang propose un travail sans compromis à l’intersection de toutes les grandes problématiques contemporaines, porté par une attention toute particulière pour le numérique, la biotechnologie, la science-fiction et toutes les possibilités que leurs croisements permettent. Elle y explore tous les mécanismes et les rapports hégémoniques de pouvoir à l’œuvre dans notre société contemporaine, qu’ils soient d’ordre institutionnel, économique, social, géographique, scientifique, technologique, liés à la classe, au genre, à la race, ou encore à la sexualité. En dénonçant la mainmise capitaliste de certaines sociétés sur la technologie, elle en examine les conséquences sur notre rapport au monde et sur la perception de notre propre corps.

Shu Lea Cheang, RED PILL - J’entends le sang couler, 2021. Image de l’affiche de l’exposition.Shu Lea Cheang, RED PILL - J’entends le sang couler, 2021. Image de l’affiche de l’exposition.© Shu Lea Cheang

Pour son exposition au musée départemental des arts asiatiques à Nice, Shu Lea Cheang présente une installation inédite qui se lit comme une introduction à son long-métrage UKI, situé à la croisée de la science-fiction et de la réalité alternative virale, qu’elle développe depuis une dizaine d’années.

Comme un virus, cette installation envahit l’ensemble des espaces inférieurs du musée et dévoile un univers immersif qui se compose de :

  • Deux spots publicitaires ironiques, RED PILL : Votre Plaisir Notre Business (2021) et RED PILL : Rouge Sanglant (2021),
  • Une impression 3D d’un produit nommé RED PILL (2021),
  • De dispositifs vidéos monumentaux avec PETRI DISH (2021) et UKI Virus Rising (2018/21), qui mettent en avant les avancées de la recherche scientifique propres à cet univers.

Visitez l’exposition

RED PILL (2021)

© Olivier Anrigo

RED PILL (2021) est une sculpture 3D centrale dans cette exposition à Nice. Il s’agit d’une pilule qui, une fois consommée, procure l'orgasme immédiat. Dans le film UKI, son origine remonte à l'effondrement de l'Internet. L’entreprise de biotechnologie GENOM Co. se met alors à échafauder un projet promis à de juteuses retombées : reprogrammer l'orgasme du corps humain pour qu'il se génère de lui-même, en toute autonomie, contournant ainsi le besoin humain d’interagir avec les autres. Grâce à la collaboration avec des entreprises pharmaceutiques, GENOM Co. optimise l’exploitation des données personnelles qui permettent de produire RED PILL en masse pour le grand public.

Premier spot publicitaire RED PILL

Le premier spot publicitaire RED PILL : Votre Plaisir Notre Business (2021) raconte l’histoire du très rentable projet de bio-réseau (ou BioNet) de GENOM Co. Inspiré des règles sanitaires qui interdisent de se serrer la main durant cette pandémie, GENOM Co. incite au contraire les personnes à faire ce geste pour échanger leurs données ADN, contribuant ainsi à développer inexorablement le réseau BioNet. Le son caractéristique émis lors de la connexion d’un modem 64K indique que le bio-réseau a été établi par la poignée de main.

© Shu Lea Cheang

Shu Lea Cheang, RED PILL : Votre Plaisir Notre Business, 2021. Vidéo 4K en couleur, 30 secondes.© Shu Lea Cheang 

Second spot publicitaire RED PILL

Le second spot publicitaire RED PILL : Rouge Sanglant (2021) met en scène des globules rouges qui se retrouvent peu à peu encapsulés dans la RED PILL. Ces globules au rouge sanglant font partie intégrante du projet BioNet par GENOM Co., lequel contrôle les corps humains grâce à ces globules rouges transformés en unités micro-informatiques pour modifier la composition de l’ADN humain.

© Shu Lea Cheang

Shu Lea Cheang, RED PILL : Rouge Sanglant, 2021. Vidéo 4K en couleur, 15 secondes.© Shu Lea Cheang

PETRI DISH

PETRI DISH (2021) présente des cultures de bactéries dans une boîte de Pétri au sein du laboratoire de GENOM Co. Les bactéries ainsi cultivées s’infiltrent dans les globules rouges du corps humain et les transforment en unités micro-informatiques au service du projet BioNet de GENOM Co.

© Shu Lea Cheang

Shu Lea Cheang, PETRI DISH, 2021. Vidéo, 1 minute.© Shu Lea Cheang

UKI Virus Rising

Enfin, UKI Virus Rising (2018/21) dévoile le début d’une histoire, celle de son prochain film UKI. On y trouve une décharge électronique où circule en liberté un virus en constante mutation. Un humanoïde, anciennement propriété de la biotech GENOM Co., y a été abandonné et s’efforce maintenant de rebooter son système. Alors qu’il cherche à se formater, son auto-codage frénétique génère par inadvertance un rétrovirus UKI, prêt à se répliquer et à infiltrer le bio-réseau créé par GENOM Co. Le virus UKI prend forme et se rebelle.

© Shu Lea Cheang

Shu Lea Cheang, UKI Virus Rising, 2018. Installation vidéo en couleur, son, 10 minutes.© Shu Lea Cheang

UKI BioNet – une ébauche

Dans un jargon scientifique, UKI BioNet - une ébauche livre l'explication détaillée du projet de bio-ingénierie échafaudé par GENOM Co. dénommé BioNet et sa visualisation à travers une ébauche vidéo en 3D. Cet extrait provient du script de UKI, le long-métrage en cours de développement de Shu Lea Cheang où il est question de l'opération #harvest qui recueille l'information génétique de chaque personne lors d'une poignée de main. Dans cette vidéo, les scientifiques de GENOM Co. discutent du traitement de l'information génétique par les globules rouges, ce qui peut affecter notre production hormonale d'œstrogène et de testostérone. Il anticipent une faille qui entraînera l'apparition d'une nouvelle espèce; une espèce intermédiaire, ni X, ni Y, non-masculin, non féminin, une espèce neutre appelée GEN BETA.

© Shu Lea Cheang

Shu Lea Cheang, UKI BioNet – une ébauche, 2020/2021. Vidéo 4K, couleur, 2 minutes 48 secondes © Shu Lea Cheang