Du 11 octobre 2023 au 8 janvier 2024

Taïwan, entre chien et loup

À Taïwan, lorsque le soleil se couche et que la vie nocturne émerge dans l’obscurité, des ombres apparaissent dans la brume électrique et le petit théâtre de la ville prend vie. Le soir, juste après 18 heures, les Taïwanais commencent à rentrer chez eux, le soleil tombe, le rythme du cœur ralentit, tout comme celui de la ville. C’est à ce moment précis que, plus que jamais, Formose semble échapper au temps, tiraillée entre des traditions bien ancrées et une modernité galopante. Avec la lumière naturelle qui s’estompe, chacun baisse la garde, les codes sociaux s’évanouissent discrètement, les apparences se relâchent. Cette brèche ouverte dans la pénombre révèle alors la nature animale de l’homme, au sein de la cité.

Si, dans cette série, l’artiste nous permet d’observer des femmes et des hommes dans leur quotidien à l’heure du crépuscule, il ouvre également une porte sur le monde divin à travers deux événements religieux majeurs à Taïwan : le pèlerinage Dajia Mazu et le festival taoïste du roi Qingshan.

Nourri par le cinéma, Jimmy Beunardeau capture des instants de vies qui semblent tout droit sortis des films de Wong Kar-wai et Hou Hsiao-hsien. Dans ses photos, entourés de la lumière des temples, des néons et des lanternes, Taïwanais et Taïwanaises deviennent les personnages d’un film. 

 L’ENFANT-ROI

L’ENFANT-ROIUne famille célèbre un rite taoïste dans les rues de Taipei. À Taïwan, la constitution garantit la liberté de religion. Il est très fréquent de trouver au sein d’une même famille des adeptes de différentes confessions et les diverses communautés religieuses cohabitent côte à côte. 93 % des Taïwanais se déclarent bouddhistes ou taoïstes, 4,5 % chrétiens et 2,5 % d’autres religions.© Jimmy Beunardeau

LE CHEVALIER AU DRAGON

Le dragon est célébré pour apporter la pluie, éloigner le malheur, vénérer les dieux et attirer la bonne fortune. Lors de cette danse, guidé par une perle agitée devant ses yeux, le dragon effectue différentes figures qui ont toutes une signification particulière. Lorsque, dans le mugissement des tambours et la fumée soufrée lourde de la moiteur du typhon à venir, il se meut frénétiquement, le dragon n’est plus un animal légendaire : il existe.© Jimmy Beunardeau

Jimmy Beunardeau

Photographe indépendant français, Jimmy Beunardeau partage principalement son temps entre Taïwan et la France, où il développe des travaux documentaires sur des périodes longues.

Jimmy Beunardeau a toujours été animé par l’envie de raconter des histoires. Après avoir étudié le cinéma, il entreprend un master professionnel en médiation culturelle afin d’apprendre à mener des projets artistiques avec différents publics. Nourri par ces études théoriques, il ressent le besoin de trouver son médium de création afin de devenir totalement maître de ses idées et projets. Il intègre alors l’ETPA, une école de photographie à Toulouse.

Si j’étais un arbre, j’aurais mes racines en France, dans le Perche, où je suis né et vis aujourd’hui la moitié de l’année, et le houppier à Taïwan, où je suis né une seconde fois et vis l’autre moitié de l’année. Ces deux territoires sont mon terreau, j’y construis mon regard photographique comme un voyage au long cours.

Essentiellement attiré par la photographie documentaire et animalière, la photographie de rue et le reportage, Jimmy Beunardeau aspire à donner à voir l’anima, terme latin qui signifie en français « l’âme », « le souffle de vie » et qui par extension donne animalis « être vivant », « animal ». Dans cette optique, il photographie les hommes et les animaux exactement de la même manière. Il se place « à bon vent », puis, une fois le cadre et la lumière trouvés, il laisse venir les protagonistes sans les déranger. L’instinct fait le reste. Le photographe souhaite ainsi interroger la relation entre « l’animal humain », son territoire et ceux avec qui il le partage, qu’ils soient humains ou divins. Jimmy Beunardeau est représenté par l’agence Hans Lucas et distribué notamment via l’Agence France Presse (AFP) et Reuters.

© Jimmy Beunardeau