Kalinchowk : un pèlerinage chamanique au Népal

Kalinchowk

un pèlerinage chamanique au Népal

Kalinchowk est le nom d’un petit sanctuaire hindou, perché à 3800 mètres d’altitude sur un sommet isolé du Népal central. À la pleine lune du mois de Saun (juillet-août), au coeur de la saison des pluies, une foule de dévots vient y chercher la bénédiction de Kali, la Grande Déesse, maîtresse du lieu. Leur pèlerinage est rythmé par les chants, les danses, la récitation de prières et les offrandes de fleurs, de riz, de lait et d’animaux sacrifiés.

Les photographies prises par Renzo Freschi en 1979 témoignent de la ferveur religieuse de cette fête, à laquelle participent des dizaines de chamanes, intercesseurs privilégiés entre les humains et les puissances invisibles. Munis de leurs tambours et de parures rituelles, les chamanes rivalisent entre eux, forment de jeunes disciples, bénissent les fidèles et rendent hommage aux farouches esprits des montagnes environnantes.

Au Népal, le chamane (jhākrī) est reconnu comme un guérisseur doté d’aptitudes surnaturelles. Il est capable de voyager dans le monde invisible, de prédire l’avenir, de traiter les maux qui affligent les individus et la communauté. Afin d’entrer en transe, d’accomplir les rituels et de combattre les esprits maléfiques, il utilise différents accessoires tels que le tambour, des armes magiques et des parures spéciales, ces dernières lui servant d’armure. Cet équipement, évoqué dans les mythes, associe plusieurs matériaux et motifs symboliques destinés à renforcer l’efficacité et le prestige du chamane.

Renzo Freschi explique que « d’après la conception animiste locale, la maladie est provoquée par les esprits malins ou les sorcières et seuls les chamanes détiennent le pouvoir de guérison ».

C’est pour exorciser cette période néfaste (la mousson propice aux épidémies) que les chamanes se rassemblent chaque année à Kalinchowk. Ils y renouvellent ainsi leurs capacités, selon le cycle naturel, afin de servir et protéger leur communauté.