L'Asie sans réserve

VOL.1

Cette exposition marque le début d’une nouvelle aventure pour le musée départemental des arts asiatiques à Nice. Avec ce projet, l’institution s’engage dans une démarche de valorisation des collections d’oeuvres asiatiques présentes sur le territoire maralpin et à Monaco. L’Asie sans réserve est une invitation à découvrir des oeuvres asiatiques rarement présentées, pour plusieurs raisons : trop fragiles pour être exposées, elles restent durablement dans les réserves pour permettre leur conservation sur le long terme ; éloignées de la thématique du musée qui les conserve, elles n’ont pas leur place dans un parcours permanent ; incomprises en raison de leur provenance, elles sont laissées de côté en attendant d’en savoir plus à leur sujet.

Projet au long cours, L’Asie sans réserve sera présentée en plusieurs « volumes ». Le premier constitue une immersion dans les réserves du musée départemental des arts asiatiques pour montrer l’envers du décor et répondre à une question souvent posée par les visiteurs : qu’avez-vous dans vos réserves ?

Ce volume 1 est aussi l’occasion de partager avec le plus grand nombre les premières découvertes réalisées en sollicitant des institutions importantes du territoire, et de démontrer que l’art asiatique est présent dans des lieux auxquels on ne s’attend pas.

De la première acquisition aux plus récentes

Inauguré en 1998, le musée départemental des arts asiatiques présente la particularité d’avoir ouvert ses portes avec une majorité d’œuvres appartenant à des musées nationaux, déposées le temps que l’établissement constitue sa propre collection. Marie-Pierre Foissy-Aufrère, première conservatrice du musée, a commencé en 1997 à rassembler des œuvres d’exception et emblématiques, progressivement installées dans le parcours permanent. Ses successeurs, Didier Rochette et Hélène Capodano Cordonnier, ont continué de porter l’enrichissement de cette collection pour en faire un ensemble d’une qualité et d’une diversité rares. Le travail de l’équipe actuelle se place dans le prolongement de ce projet ambitieux.

En 2023, à l’occasion de son vingt-cinquième anniversaire, le musée ouvre les portes de ses réserves et présente à son public la variété des oeuvres qui s’y trouvent et les enjeux de leur conservation. En effet, dans leur grande majorité, les quelque 2 000 œuvres de la collection sont rarement exposées et sont conservées en réserve en raison de leur fragilité, notamment de leur sensibilité à la lumière.

Partant du premier don reçu en 1997, une statuette chinoise de la dynastie Han, l’exposition parcourt la collection d’un musée, devenu aujourd’hui une institution de référence, jusqu’à ses acquisitions les plus récentes. Elle donne la part belle à deux ensembles majeurs : un corpus de textiles asiatiques de très haut niveau ainsi qu’une collection d’estampes japonaises de la fin de l’époque d’Edo (1603-1868) à la fin du XXe siècle, dont l’étude est en cours de finalisation.

Le début d'une aventure

Si elle n’est pas toujours montrée, l’Asie est pourtant ici à portée de regard. S’intéresser aux collections asiatiques d’un territoire permet étonnamment de redécouvrir des personnalités et des lieux, de les voir sous un nouveau jour. Saviez-vous qu’Henri Matisse possédait des objets asiatiques qui l’ont inspiré ? Connaissiez-vous Henry et Marie Clews ainsi que leur château à La Napoule ? Vous doutiez-vous qu’il existe des collections asiatiques dans des musées à Nice, Menton et Monaco, ou encore un fonds à la réputation internationale à la bibliothèque de l’Université Côte d’Azur ? Le volume 1 de l’exposition L’Asie sans réserve offre de nouvelles perspectives et permet d’esquisser les premiers traits d’une cartographie des collections asiatiques réparties sur la Côte d’Azur.

En parallèle de cette volonté de dévoiler les collections asiatiques du territoire, le musée départemental des arts asiatiques s’engage dans une nouvelle démarche éco-responsable qui vise à baisser le bilan carbone de certaines expositions en privilégiant les circuits courts et à entrer dans une logique de réutilisation optimale des emballages, des encadrements et du mobilier. L’Asie sans réserve vol.1 marque en cela le début de ce projet sur le long terme.

Les textiles du musée

Le musée des arts asiatiques dispose d’un fonds textile composé d’une cinquantaine de costumes et d’éléments de costumes. Ces oeuvres ont été rassemblées pendant 25 ans pour permettre au public du musée de découvrir une grande variété de textiles emblématiques et ainsi d’accéder à une vision d’ensemble des traditions vestimentaires en Asie. Loin d’être exhaustif, contrairement à des collections de référence comme celle du musée national des arts asiatiques – Guimet, ce fonds n’en reste pas moins unique en région et est le résultat d’une collecte soignée réalisée par Marie-Pierre Foissy- Aufrère, première conservatrice du musée.

L’exposition de vêtements anciens dans les musées est particulièrement appréciée du public en raison de leur force évocatrice, liée à leur place dans notre quotidien. Quel visiteur ne s’imagine pas portant le vêtement qu’il contemple, se projetant ainsi dans l’univers dont il porte les codes ? Les costumes constituent un matériau riche permettant d’illustrer une grande diversité de thématiques : les usages pratiques, sociaux et religieux ; les évolutions du goût, des tendances et des influences ; le vocabulaire iconographique et ses évolutions ; les techniques de fabrication et d’utilisation ; etc.

La présentation inédite proposée dans l’exposition L’Asie sans réserve ne sera a priori jamais reproduite dans cette configuration. En effet, après 4 mois de présentation, la majeure partie de ces textiles, d’une grande sensibilité aux manipulations et à la lumière, sera replongée dans l’obscurité de la réserve du musée pendant plusieurs années pour permettre leur conservation sur le long terme, mission fondamentale de l’institution.

Un fonds inédit d'estampes japonaises

De 2002 à 2015, la collection du musée des arts asiatiques ne conservait qu’une seule estampe japonaise, un chef-d’oeuvre signé Utamaro (vers 1753-1806). Le don de M. Hans Herrli, effectué entre 2015 et 2017, a considérablement changé la composition du corpus avec l’ajout de 1 100 exemplaires. Il s’agit d’oeuvres datées de la fin de l’époque d’Edo (1603-1868) à la fin du l’ère Shôwa (1926-1986). Cette période, dépréciée par les spécialistes de l’estampe japonais dans la lignée d’Edmond de Goncourt (1822-1896), a longtemps été associée à une forme de déclin de l’Ukiyo-e liée à la modernisation du pays durant l’ère Meiji (1868-1912).

L’appréciation de l’art évoluant, les chercheurs reconsidèrent depuis une trentaine d’années l’intérêt des estampes post-Edo, et valorisent des artistes tels que Yoshitoshi (1839-1892) ainsi que les mouvements du XXe siècle, Shin Hanga et Sosaku Hanga. Les estampes de la collection Herrli montrent l’influence toujours plus grande de l’Occident sur le Japon, la modernisation du pays mais aussi la pérennité de thèmes anciens tels que le Kabuki et les portraits de femmes, l’émergence de nouvelles approches, l’évolution du statut des artistes japonais, etc.

La contribution de M. Hans Herrli a été déterminante et a déclenché une étude approfondie du fonds depuis 3 ans. L’identification des estampes permet aujourd’hui d’en présenter en permanence dans le parcours permanent par rotations de 4 mois. Ces rotations sont nécessaires pour préserver des oeuvres qui entrent dans la catégorie des arts graphiques, très sensibles à la lumière.

Un nouvel ensemble de 24 estampes japonaises va prochainement rejoindre officiellement la collection du musée. Données par M. Lawrence McCarthy, ces oeuvres sont complémentaires du corpus existant, avec notamment des créations signées d’artistes majeurs de l’ère Meiji.

L'exposition en quelques chiffres

7

institutions partenaires

90

Œuvres exposées

3

collections du musée présentées

pour la 1re fois au public

2000

ans d’arts asiatiques exposés

24

textiles asiatiques rarement

montrés au public

1997 - 2023

26 ans d’acquisition

au musée des arts asiatiques