Photographes en Asie

La contamination blanche

Équipé d’un compteur Geiger, il mesure l’ampleur de la contamination en becquerel (Bq). Cette unité permet de mesurer l’activité d’une matière radioactive en évaluant, par seconde, le nombre de désintégrations des atomes. Puis, par la superposition d’images, Florian Ruiz donne à voir cette altération de la matière. Les effets de transparence, les perspectives brisées donnent naissance à des formes en mouvement, un monde de l’impermanence comme dans les estampes traditionnelles (ukiyo-e, « images du monde flottant »).

Il crée ainsi une déformation du réel, une mutation des paysages qui révèle un danger caché derrière leur blancheur immaculée, engendrant un sentiment de vertige et de malaise.

Telle la blancheur du cachalot meurtrier Moby-Dick dissimulant la violence d’une nature qui se retourne contre celui qui la blesse, la pureté des vues enneigées contraste avec la puissance létale de cette nature, marquée d’une souillure invisible.

Malgré toutes ces associations si nombreuses de la blancheur avec tout ce qui est doux, honorable et sublime, la notion la plus intime qu’elle sécrète est d’une nature insaisissable qui frappe l’esprit d’une terreur plus grande que la pourpre du sang.
Cette insaisissable nature, lorsqu’elle est dénuée de tout rapprochement bienveillant, et se trouve liée à un objet terrible en soi, porte la terreur à son comble. 
Herman Melville, Moby-Dick, 1851.

0,359Bq - Image en taille réelle, .JPG 733Ko (fenêtre modale)0,359Bq© Florian RUIZ